Méthode de travail
Comment nous écrivons.
Le corpus.
S’attaquer à un sujet comme l’intelligence artificielle n’est pas une tâche facile :
- Tout le monde en parle donc beaucoup de gens se sont construit un avis dessus.
- Beaucoup d’artistes l’ont exploré, et parfois avec brio.
- Un grand nombre de scientifiques y travaillent à côté de qui nous ne serons toujours que des amateurs.
- Beaucoup d’idées fausses et d’a priori sont fortement ancrés dans les esprits.
Nous avons commencé à travailler sur ce spectacle en octobre 2017, et nous avons constaté que sur ce sujet qui nous intéressait tous les trois, et sur lequel nous avions déjà beaucoup réfléchi à differents niveaux, nous avions beaucoup de lacunes et de points de désaccord. Il nous a semblé important de commencer la création par un travail de recherche plus théorique que scénique.
L’idée est de ne pas concevoir une forme trop précise sans être d’abord précis sur le fond, nous nous sommes donc lancés dans la rédaction de textes que nous écrivons à six mains, d’abord sur un pad puis sur github, un outil à la base conçu pour des collaborations entre programmateurs informatiques sur l’écriture de code, qu’il nous semblait à la fois amusant de détourner vu le thème du spectacle et parfaitement adapté à notre façon de travailler. Nous avons commencé à accumuler :
- Des textes destinés à être lus (intentions de mise en scène, intentions de propos, réflexions sur les outils, réflexions sur le pourquoi du comment)
- Des textes destinés à être dits pendant le spectacle
- Des petites idées (de petites scènes, d’objets à créer, d’histoires à raconter, de manipulations ou d’images)
- Des morceaux (de musique, de dessin, de carton)
- Des références (une chronologie, des captures d’écran, des citations de livre, d’articles, des fiches de lecture)
- Des débats entre deux ou trois de nous trois sur des sujets de discorde
- D’autres choses encore (comme n’importe quoi)
Ces textes constituent l’écriture du spectacle. Ce ne sont pas les éléments d’un dossier de diffusion. Ce n’est pas un travail préparatif. Ce corpus de texte en évolution continue c’est le spectacle, c’est Turing test. Au même titre que le texte d’une pièce de théâtre classique est la pièce.
Ça ne veut pas dire que tout ce que l’on peut lire dans ce corpus apparaitra explicitement sur scène. Au moment où j’écris ces mots, il n’y a encore que très peu de ces textes qui sont destinés à être joués ou récités. Mais tout sera là, au moins discrètement, des paragraphes de théorie, cachés dans une réplique ou dans le design d’un robot. Des scènes abandonnées dans la mémoire d’Alan.
Le Pad, premier lieu pour la co-écriture de Turing Test. Chaque personne est représentée par une couleur